Corrido

Paranauê Paraná

Vou dizer a minha mulher, Paraná
Je vais dire à ma femme

Capoeira me venceu, Paraná
La Capoeira m’a gagné

Coro : Paranauê, Paranauê, Paraná / Paranauê, Paranauê, Paraná

Vou me embora pra favela, Paraná
Je m’en vais pour les favelas

Como já disse que vou, Paraná
Comme j’ai déjà dit que je voulais

Coro : Paranauê, Paranauê, Paraná / Paranauê, Paranauê, Paraná

E desvera que o morro, Paraná
Il est vrai que la colline

Se mudou para a cidade, Paraná
A déménagé à la ville

Coro : Paranauê, Paranauê, Paraná / Paranauê, Paranauê, Paraná

Vou me embora dessa terra, Paraná
Je veux quitter cette terre

Como já disse que vou, Paraná
Comme j’ai déjà dit que je voulais

Coro : Paranauê, Paranauê, Paraná / Paranauê, Paranauê, Paraná

Eu aqui nao sou querido, Paraná
Moi ici je ne suis pas désiré

Mas na minha terra eu sou, Paraná
Mais dans ma terre j’existe

Coro : Paranauê, Paranauê, Paraná / Paranauê, Paranauê, Paraná

Cantando com alegria, Paraná
Chantant avec allégresse

Mocidade es que mata, Paraná
C’est la jeunesse qui est morte

Coro : Paranauê, Paranauê, Paraná / Paranauê, Paranauê, Paraná

O enfeite de uma mesa, Paraná
L’ornement d’une table

É um garfo e uma colher, Paraná
Est une fourchette et une cuillère

Coro : Paranauê, Paranauê, Paraná / Paranauê, Paranauê, Paraná

O enfeite de uma cama, Paraná
L’ornement d’un lit

É o homem e uma mulher, Paraná
Est un homme et une femme

Coro : Paranauê, Paranauê, Paraná / Paranauê, Paranauê, Paraná

A mulher pra ser bonita, Paraná
Une femme pour être belle
Nao precisa se pintar, Paraná
N’a pas besoin de se peindre (maquiller)

Coro : Paranauê, Paranauê, Paraná / Paranauê, Paranauê, Paraná

A pintura é do demônio, Paraná
Le maquillage c’est le diable

Beleza é Deus quem dá, Paraná
C’est Dieu qui donne la beauté

(Toque : Angola)

 

Notes :

La tradition orale de la capoeira laisse souvent la place à de nombreuses interprétations pour une même chanson.

Selon le site Dicionário inFormal, les mots « paranà » et « auê » sont d’origine tupi et signifient respectivement fleuve et une interjection de respect; « paranauê » signifierait donc « Vive le fleuve ». Le chant « Paranauê, paranauê, paranà… » serait chanté à l’origine par les indiens Tupis de la région du Mato Grosso du Sud, quand ils se réfugiaient par delà le fleuve et n’étaient plus persécutés par les colons.

Selon le blog Capoeira Connection, « Paraná Paranauê » fait référence à la guerre du Paraguay de 1865. Elle aurait été créée par les esclaves noirs capoeiristes rentrant de la guerre et la chantant le long des rives du fleuve Paranà.

La guerre du Paraguay, déclenchée par ce dernier quand il a coupé les ponts avec le Brésil et envahi le Mato Grosso notamment, s’est terminée de manière dévastatrice pour ce pays, avec 75% de la population décimée. Le Brésil a récupéré des milliers de kilomètres de terre suite à cette guerre. Les « blancs » ne voulant pas monter au front, avaient promulgué une loi offrant la liberté aux esclaves noirs qui iraient se battre et reviendraient vivants.

Les batailles, à l’époque, étant essentiellement du combat manuel avec peu d’armes disponibles, les esclaves capoeiristes étaient avantagés et rentraient souvent vivants. La version originale de la chanson serait la suivante :

Vou dizer à minha mulher, Paraná
Je vais dire à ma femme
Capoeira que venceu, Paraná…     [Venceu a guerra]
Que la capoeira a gagné la guerre
Paraná ê, Paraná ê, Paraná.
Ela quis bater pé firme, Paraná        [Ela = a guerra]
Si la guerre voulait frapper durement (de son pied)
Isso não aconteceu, Paraná…
Ceci n’est pas arrivé

Source : Capoeira Connection, Why sing Parana ê ?

 

J’ai également eu une troisième explication du sens des mots « Paraná Paranauê » par un maître du groupe Guaiamuns originaire de Rio de Janeiro, selon lequel elle ferait tout simplement référence au nom d’un maître de capoeira nommé Parana et qui faisait des interjections permanentes en « é » et « uê » pendant les rodas.

Quelle vérité ?… L’histoire est souvent recréée a posteriori. Un mélange des deux premières explications me semble plus plausible que la dernière, mais je ne suis pas historienne. Si vous avez des explications et sources supplémentaires, elles sont les bienvenues !

Enfin, la dernière strophe est plus rarement chantée, je l’ai trouvée dans une étude sur la représentation des femmes dans les chansons de capoeira faite par Maria José Somerlate Barbosa (Representation of Women in Capoeira Songs).

Ci-dessous la version la plus jouée sur Internet, une des nombreuses variantes de la chanson :

(Source image à la une : earthobservatory.nasa.gov)

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